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François Mourgues

Directeur général du Centre hospitalier d’Alès

Entretien - Vous êtes à la tête du premier hôpital HQE de France. La construction de ce nouveau bâtiment, son installation ont-elles été bénéfiques pour les personnels ? Ou plutôt source d’inquiétude et de nuisance à la santé au travail ?

« En 2002, faire de l’éco-construction était plutôt novateur et osé. Il existait une certaine méfiance entre la Maîtrise d’ouvrage, donneur d’ordre, et la Maîtrise d’œuvre qui avait tendance à refaire des lieux d’exercice toujours similaires, en mode « photocopie ». La norme HQE, avec ses exigences, a finalement poussé les concepteurs à revoir leurs habitudes et à livrer des produits de très grande qualité et de très grande exigence pour des ouvrages pertinents.

Mais si on se donne des exigences, cela veut dire que l’on ne choisit pas la facilité. Côté Maîtrise d’ouvrage, nous nous sommes repenché sur l’ingénierie de la prise en charge (processus, circuits de fonctionnement …) afin d’aboutir à une formalisation plus rigoureuse des attentes des professionnels en matière d’organisation du travail, de qualité et de performance globale.

Et puis, il y a ce que l’on vit. Finalement c’est assez compliqué à faire, à traduire concrètement. La réalisation de l’ouvrage a démontré que l’on avait eu raison d’être exigeant, même s’il a fallu « batailler » pour utiliser des matériaux de grande qualité respectant les normes environnementales. Pour exemple, le choix des peintures a été très difficile. Nous sommes allés jusqu’à faire refaire des travaux de peintures qui ne respectaient pas les normes éco-responsables du cahier des charges.

Au final, le résultat est à la hauteur de nos ambitions. Le bruit a été bien traité : vous pouvez discuter dans le hall d’accueil au milieu d’une centaine de personnes sans être dérangé par le bruit environnant. L’éclairage naturel a été favorisé dans tout le bâtiment et c’est une grande réussite. Le confort hydro thermique est assez extraordinaire. Les espaces sont guidant et très lisibles.

Nous avons également adapté notre fonctionnement et notre culture, par exemple par la mise en place d’achats responsables, du guide de l’hospitalier éco-responsable, de précautions en matière d’ergonomie, de santé au travail et de maîtrise absolu des énergies et des impacts… Cette politique a donné du sens et les personnels y sont très attentifs. Cette dynamique générale a généré la participation de l’ensemble des acteurs hospitaliers et permit de s’approprier les espaces et de vivre cette dimension environnementale.

Cette dynamique nous a poussés également à être novateurs dans notre quotidien. Nous avons par exemple développé une approche système d’information et multimédia intégrée. Le patient dispose depuis sa chambre d’un terminal lui donnant accès à la télé, au téléphone, à internet, à la vidéo informative et éducative et le médecin peut depuis la chambre du patient accéder au dossier médical et ainsi partager par exemple les résultats de ses examens, de clichés radiographiques…
Notre démarche se poursuit par l’instruction d’un dossier pour la certification européenne EMAS.
Enfin, la communication d’impact national a été un élément de reconnaissance et de valorisation des acteurs.

Comme vous le voyez, cette démarche générale donne du sens pour bien construire et mieux vivre ensemble. Aujourd’hui, notre bâtiment, on l’aime ! Culturellement, nous avons changé de paradigme. Nous sommes passés d’un bâtiment des années 1950 au 21e siècle. Cela nous donne un grand sentiment de satisfaction. »