Tour d’horizon de bonnes pratiques

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Addiction et réglementation - Guy Barathieu

Guy Barathieu
Guy Barathieu
« Pour assurer la sécurité au travail au sein d’une collectivité ou d’un établissement, les mesures à prendre relèvent non seulement du règlement intérieur et des consignes dans le respect des libertés individuelles et collectives, mais aussi d’un dispositif de prévention basé sur l’information, la sensibilisation et la pédagogie », précise Guy Barathieu, maître de conférences de droit à l’Institut de la Promotion Supérieure du Travail de Toulouse (IPST-Cnam).

« Si la réglementation de base relève du Code du travail, on assiste aujourd’hui, dans les jugements des tribunaux sur les affaires liées à l’alcool, à un élargissement du champ de la responsabilité », estime le juriste.

Il s’agit non seulement de la responsabilité pénale du chef d’établissement ou du chef de service, de l’établissement ou de la collectivité en tant que personne morale et de celle des agents, le cas échéant, mais aussi de la responsabilité administrative du service marquée par l’obligation de résultat et aux conséquences financières qui peuvent être très lourdes pour ne pas avoir pris les mesures de prévention nécessaires et adaptées.

Devant un accident de service ayant pour origine un état d’ivresse manifeste ou une conduite addictive connue par ses effets, l’appréciation de la responsabilité pénale de l’entourage peut être relevée pour « non assistance à personne en danger » et celle de l’encadrement et des organisateurs pour imprudence, négligence ou inobservation des règlements : ici le « défaut de diligences normales » est apprécié par le tribunal sur la base de critères relatifs à l’autorité qu’avait et n’a pas exercée la personne en cause, à sa compétence, aux moyens disponibles et à la nature de la mission à remplir en tenant compte de ses difficultés éventuelles.

En pratique, ce qui est plus particulièrement regardé par le juge dans la recherche des manquements éventuels va porter principalement sur :

Pour Guy Barathieu, l’intérêt croissant porté à la mise en œuvre des mesures préventives, mais aussi la crainte de sanctions pénales et le coût croissant de la réparation, ont fait évoluer les comportements au travail face aux risques. On le voit, par exemple en matière de prévention du risque alcool au travail, avec le développement d’actions qui ne se limitent pas à l’édiction de règlements intérieurs mais qui sont de plus en plus souvent déclinés sous forme de chartes concertées recherchant par là l’efficacité plus par l’adhésion à un dispositif que par la contrainte ; les manifestions de convivialité dans le cadre professionnel intègrent ainsi la prévention dans l’organisation : nature et quantité des boissons, suivi du déroulement de l’activité, transports et moyens d’accompagnement en cas de besoin.

Voir le Point réglementation N° 7 : conduites addictives

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Le rôle de l’ANPAA - 3 questions à Bertrand Fauquenot

Bertrand Fauquenot
Bertrand Fauquenot
Bertrand Fauquenot, chargé de formation externe à l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).

Notre association couvre l’ensemble des addictions : alcool, tabac, drogues illicites et médicaments psychotropes, pratiques de jeu excessives et autres addictions sans produit. Les missions de l’ANPAA s’inscrivent dans un continuum allant de la prévention et de l’intervention précoce à la réduction des risques, aux soins et à l’accompagnement. Pour assurer ses différentes missions, l’association dispose d’un important maillage territorial avec plus de nombreuses équipes de prévention et 78 CSAPA [9]. En matière de Prévention des Risques Professionnels, l’association assure des missions de sensibilisation, de formation, de conseil et d’accompagnement auprès d’entreprises, de collectivités ou de centres hospitaliers.

Il y a quelques années, nous étions essentiellement sollicités par les médecins de prévention ou les CHS pour organiser des interventions et des actions de prévention au sein des collectivités ou des établissements hospitaliers. Aujourd’hui, les responsables du personnel - DRH et DGS - font d’avantage appel à nos services. Cette évolution s’explique par une meilleure prise en compte des conduites addictives sur le lieu de travail et par le renforcement des obligations des employeurs dans le domaine de la prévention des risques professionnels. À cet égard, la question de la responsabilité de l’employeur est devenue une réelle préoccupation. On commence à voir apparaître une culture « sécurité » autour de ces questions avec l’apparition de règlements intérieurs, de plans de prévention propres à ce risque, de protocoles d’accompagnement des personnes alcoolisées et l’intégration de la consommation de produits psychotropes illicites parmi les actions de prévention des addictions. Mais cette évolution s’accompagne parfois d’une approche plus « sécuritaire », avec une demande fréquente d’outils de dépistage, notamment pour l’alcool.

Lors de nos interventions, nous revenons d’abord sur les représentations décalées des agents par rapport à la dangerosité des produits et par rapport aux modes de consommation. En matière de prévention, un des enjeux essentiels consiste aussi à ne pas se focaliser sur les consommateurs à problème et à bien appréhender le contexte local. À travers nos actions, nous cherchons à nous adresser à l’ensemble du personnel. Pour l’encadrement, nous insistons sur la nécessité du dialogue de la part du management en mettant davantage en valeur son rôle en matière de protection de la santé au travail et de garant de la sécurité des personnels, même si il ne faut pas occulter le pouvoir disciplinaire et les sanctions qui peuvent s’appliquer.

Pour engager une démarche de prévention des conduites addictives : les étapes essentielles sur le site de l’ANPAA

http://www.anpaa.asso.fr/

Contact :
bfauquenot@anpaa.asso.fr

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Notes

[1Institut de la Promotion Supérieur du Travail

[2Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie

[3environ 6 500 agents : 4000 SPV, 2000 SPP et 500 personnels administratifs techniques spécialisés

[4Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie

[5Yvelines, 19 000 habitants, 420 agents

[6Pas-de-Calais, 340 agents

[7Programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail

[81 880 agents

[9Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie

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