Dans la continuité de la réflexion menée par le groupe de travail, une démarche de prévention des troubles musculo-squelettiques, axée sur l’analyse ergonomique des conditions de travail voit le jour. Sa mise en œuvre débute en 2013 sur quatre sites pilotes (2 collèges et 2 crèches) et concerne l’ensemble des activités réalisées par les ATTEE et les agents des crèches.
FNP - Quels sont les points clés de votre action ?
Anne Grunstein - Le projet se déroule selon trois grandes étapes.
1. Au cours de la première phase, nous avons mis en place les moyens permettant aux interventions ergonomiques de se dérouler dans les meilleures conditions. Plusieurs sessions de formation ont été organisées pour sensibiliser les acteurs sur les facteurs d’apparition des TMS et sur les leviers d’action qu’ils peuvent déployer, loin des formations centrées sur le changement de comportement des individus. Par ailleurs, nous avons validé auprès de la direction générale, des directions concernées et du CHSCT, une démarche ergonomique de prévention des TMS centrée sur la compréhension des situations de travail.
2. La seconde étape s’est basée sur l’observation de l’activité réelle et des conditions dans lesquelles elle s’exerce, enrichie par des entretiens avec les agents et leur encadrement sur les sites pilotes. Elle a abouti à une description précise des différentes situations, des contraintes et des stratégies des agents pour s’adapter. Le diagnostic a permis d’élaborer des préconisations en relation avec les besoins des agents et en prenant en compte la dimension de qualité de service rendu aux usagers. Ces recommandations se traduisent aujourd’hui par des améliorations concernant l’organisation du travail, l’aménagement de l’espace et les équipements de travail.
Ces actions ont été construites dans une démarche participative avec les agents concernés et leur encadrement, en partenariat avec les responsables de la gestion du personnel et de la conduite des travaux.
Deux exemples
1. dans la conception des postes d’accueil des collèges : la visualisation des points d’entrée des usagers a été améliorée et l’accès aux équipements de communication (interphone, téléphone, ordinateur) facilité,
2. sur le plan organisationnel : la reconnaissance de l’activité de fermeture de l’établissement comme travail isolé a conduit à la nécessité de mettre en œuvre des mesures d’information portant sur l’occupation des locaux et les flux d’entrée et de sortie pour les agents d’accueil.
3. Une troisième étape, prévue en 2015, sera consacrée à la capitalisation des enseignements issus des expérimentations pour déployer un plan d’actions sur l’ensemble des sites.
FNP - Le projet implique de nombreux partenaires, comment avez-vous travaillé ensemble ?
Anne Grunstein - le projet de prévention des TMS est intégré aux projets en santé et travail, menés par le département. Leur coordination est assurée par la direction des relations sociales.
Le service de la santé et de la sécurité au travail [3]
et le CHS sont associés aux grandes étapes d’avancée du projet.
La restitution des diagnostics aux directions de l’éducation et de la jeunesse (DEJ), de l’enfance et de la famille (DEF) et des bâtiments et de la logistique (DBL) a permis de mettre en œuvre des améliorations sur les sites pilotes et de construire des plans d’action pour l’ensemble des crèches et collèges.
Par ailleurs, notre projet de prévention des TMS est enrichi par des échanges dans le cadre du réseau des ergonomes internes l’ADECAPE [4] , notamment avec les régions du Centre, Ile de France, la Ville de Paris, la Ville du Havre et les conseils généraux du Val de Marne et de l’Isère.
FNP - Un volet de votre démarche intègre le projet européen Life, que représente-t-il pour vous ?
Anne Grunstein - Suite à la réalisation du volet relatif à l’amélioration des conditions de débarrassage des plateaux en demi-pension de la démarche de prévention des TMS, le Pôle ergonomie du Conseil général a été sollicité par la direction de l’éducation et de la jeunesse et la Direction des affaires européennes internationales et culture de la paix pour intégrer un appel à projet européen. En effet, certains des enjeux de santé au travail pour les ATTEE se relient aux objectifs du projet sur la gestion des déchets dans la restauration scolaire et la lutte contre le gaspillage alimentaire mené au titre du programme européen Life environnement [5]
L’intégration du projet du département de Seine-Saint-Denis dans un programme européen est une marque de reconnaissance des travaux menés et va permettre de valoriser la démarche.
[1] Groupe pluridisciplinaire : médecine professionnelle et préventive, mission handicap, préventeur, bureau de la qualification et ressources emploi, pôles gestion des personnels des crèches et des collèges
[2] Pôle Ergonomie : composé d’un responsable et de 3 ergonomes ingénieurs, est rattaché au Service de l’ingénierie et de la maîtrise d’ouvrage au sein de la Direction des bâtiments et de la logistique
[3] Service Santé sécurité au travail rattaché à la direction des relations sociales, composé :
– d’un pôle médecine professionnelle et préventive
– d’une cellule de soutien aux interventions
– d’un pôle accompagnement social
– d’un pôle prévention des risques psychosociaux
– d’un pôle prévention des risques physiques et techniques
[4] l’Association Des Ergonomes de Collectivités, d’Administrations Publiques et d’Entreprises
[5] LIFE est un fonds de l’Union européenne pour le financement de la politique environnementale. Lancé en 1992, il se compose de trois volets :
– LIFE-Nature : finance le réseau Natura 2000 de sites écologiques européens ainsi que d’autres actions de préservation et d’étude de la biodiversité en Europe ;
– LIFE-Environnement : finance des actions innovantes dans le domaine de l’environnement, comme la dépollution des eaux, le traitement des déchets, etc…
– LIFE-Pays Tiers : finance la mise en place dans les pays voisins de l’Union (essentiellement les pays méditerranéens et de la mer Baltique) des structures nécessaires à l’essor de la conservation de la nature.