Bien-être et ressources du métier : apprentissage collectif à la discussion du travail
Parler du travail ne va pas de soi, cela a demandé un apprentissage individuel des agents et collectivement dans les équipes, pour mettre en discussion ce qui perçu comme du « bon boulot ». L’expérience demande du temps car elle implique de construire la confiance, indispensable pour dire les choses.
Les ressources psychosociales ne sont jamais acquises. La réalité de la vie au travail va obliger à les remettre sans cesse en question. Le rôle du cadre, acteur de la santé de ses équipes, va consister à mettre en discussion le travail auprès des équipes et des agents. |
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Tout au long du processus, les cadres ont été associés à la démarche avec, tout d’abord, des formations et analyses de pratiques professionnelles pour développer leurs propres ressources métier. Nous n’avons pas fait de formations « classiques » sur les espaces de discussion et leur animation, mais c’est en faisant, avec les cadres, en étant deux à plonger dans la discussion de situations de travail qui n’allaient pas de soi, qu’un apprentissage à la coopération a pu être vécu. |
Notre étude a montré que « l’instrument » de la discussion permet le développement des ressources psychosociales du métier et la santé des équipes. Elle a aussi conduit à affiner la question des objets de la discussion du travail. Nous avons pu constater, au fil de l’intervention, l’évolution des capacités des cadres et des équipes à parler de situations émotionnellement compliquées qui étaient laissées dans l’ombre et sources de tensions.
Il faut préciser de quelle santé parlons-nous. En effet, la santé n’est pas une absence de maladie mais la capacité à s’adapter, à créer de nouvelles normes individuellement et collectivement face aux circonstances de la vie. Elle suppose une capacité créatrice et suffisamment de marges de manœuvre pour l’exprimer. | L’évaluation de l’action nous a permis de constater le développement de la santé des agents et des équipes. Un questionnaire sur la qualité de vie au travail a été proposé aux agents en début et en fin d’intervention. Les résultats montrent une évolution significative de la santé. La direction a également noté une baisse significative de l’absentéisme. |
Que devons-nous retenir de cette intervention ? Sur le plan conceptuel, cette recherche action a validé l’hypothèse de départ : le développement des ressources psychosociales du métier, dynamisé par la discussion sur le travail dirigée par les cadres, génère un développement de la santé des équipes en termes de pouvoir d’agir, de créativité, de qualité du travail et au travail.
Pour plus de détails consultez les actes du colloque du 24 octobre 2014
Préserver la santé et la sécurité au SDIS 56 implique de prendre en compte tous les risques auxquels expose le métier de sapeur-pompier. La démarche de prévention des conduites addictives conduite depuis 2012, en témoigne.
La profession de sapeur pompier, exposée à de nombreux risques, exige une vigilance susceptible de défaillir en cas de consommation de substances psychoactives ou d’alcool. Faire prendre conscience de leur dangerosité pour la santé, donner à tous les niveaux hiérarchiques des moyens pour gérer sereinement cette problématique, créer des conditions pour un dialogue décomplexé sur le sujet, tels étaient les objectifs de la démarche menée par Le SDIS 56.
Retour sur une action structurée
Si le projet débute en 2012 avec le soutien du FNP de la CNRACL, un groupe de travail chargé d’élaborer un plan de prévention des conduites addictives existe depuis 2008.
De gauche à droite : Colonel Eric Lebon, Directeur départemental adjoint, Capitaine Corinne Vilmin, Cheffe du service santé et sécurité, Bruno Leblais, Pharmacien chef et Pascaline Pivert, Médecin chef adjoint.
« Quand j’ai pris cette fonction en 2012, le dossier était déjà commencé, il y avait un chef de projet, Bruno Leblais » souligne Corinne Vilmin. Avec le médecin chef adjoint, Pascaline Pivert, ils vont former un trio particulièrement impliqué dans la mise en œuvre des actions. La direction du SDIS affirme parallèlement son engagement dans la démarche. L’ANPAA [2], organisme spécialisé en formation, accompagne le SDIS.
L’Union départementale des sapeurs-pompiers est associée au processus qui se déroule en quatre grandes phases de 2012 à 2014.
Six forums de 3 heures chacun, avec quatre ateliers différents, ont été réalisés sur les conduites addictives pour les agents mobilisant d’importants moyens (533 personnes de 55 structures ont suivi cette formation).
« L’organisation de formation pour les agents sous forme de forum, en un lieu externe au SDIS, a permis de donner une autre dimension à l’action. Cette option nécessite un plus grand nombre de sessions, mais a plus d’impact qu’un colloque, dans une salle de conférence » explique Corinne Vilmin.
« Il est important d’agir en amont, d’informer sur la dangerosité de ces différentes substances. L’objectif est aussi d’engager le dialogue, sans jugement de valeur morale, sur un sujet qui peut être tabou afin de proposer, à temps, des solutions d’accompagnement pour des agents en difficulté, présentant un problème d’addiction » estime Corinne Vilmin.
Aujourd’hui, le dialogue dans les centres sur le sujet de l’addiction est beaucoup plus libre. La sensibilisation des personnels est pérennisée avec l’intégration, dans tous les stages de formation des personnels, d’une heure sur la démarche de prévention des conduites addictives.
Intégrer la santé et la sécurité en amont de la collecte des déchets ménagers
Le Fonds national de prévention de la CNRACL met à disposition des collectivités territoriales un Livre blanc les invitant à intégrer la santé et la sécurité dans leurs appels d’offres relatifs à la collecte des déchets ménagers et assimilés.
Dans le cadre de son partenariat avec la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), le Fonds national de prévention de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (FNP CNRACL) a été associé en 2008 aux travaux d’élaboration par la CNAMTS de recommandations en matière de collecte des déchets ménagers et assimilés. Ce document, dénommé R 437, rappelle aux collectivités territoriales leurs obligations en termes d’organisation et de gestion des activités liées à la collecte des déchets ménagers et assimilés pour prévenir les risques professionnels.
Puis en 2010, le FNP de la CNRACL, l’Association des maires de France (AMF), la Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l’Environnement (FNADE) ont élaboré et signé une charte nationale pour l’amélioration de la santé sécurité au travail dans les activités liées à la gestion des déchets ménagers et assimilés. Cette Charte présente chacun des organismes précités et leurs engagements envers les collectivités territoriales pour les accompagner à limiter les risques. Elle a été l’occasion de partager une vision et une stratégie communes entre les différents opérateurs concernant la collecte, le transport, le tri et le traitement.
Dans le prolongement de ces travaux, la Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Ile-de-France (CRAMIF), la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail de Normandie, le FNP de la CNRACL, la Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l’Environnement (FNADE) et des acteurs publics et privés de la collecte des déchets, viennent d’élaborer un Livre blanc sur la collecte des déchets ménagers et assimilés. Il formule des propositions concrètes invitant les collectivités territoriales à intégrer la santé et la sécurité dans leurs documents d’appels d’offres, notamment le cahier des clauses techniques particulières.
Ce livre blanc va être envoyé à différents employeurs. Il est également remis lors de manifestations nationales sur la prévention, comme le salon Préventica.
[1] 10 personnes : l’élu président du CHSCT, DGS, DGA Ressources, DRH, responsable Cadre de vie, responsable du Service à la population, le conseiller de prévention, l’assistante sociale et deux représentants du personnel (1 par syndicat).
[2] Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
[3] sapeurs-pompiers professionnels
[4] sapeurs-pompiers volontaires
[5] personnels administratifs
[6] Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
[7] Mutuelle Nationale Territoriale